Un écran plasma LG est installé sur le conduit d’une cheminée dont le foyer a été scellé avec des briques. L’association des deux éléments n’est pas très élégante.

La NASA fait une nouvelle déclaration.

Une autre interprétation de la disparition du chien cosmonaute a été élaborée à partir de leurs dernières recherches en interne.

Une forme extraterrestre hostile aurait pu s’infiltrer dans la capsule de rapatriement avant qu’elle ne quitte Mars. Lors de leurs études prévisionnelles, la probabilité d’une attaque extraterrestre était de 0,00002 %, mais un risque très bas ne veut pas dire un risque inexistant.

Cette forme aurait attaqué et fait disparaître le chien pendant son voyage retour. La NASA parle d’une forme à l’échelle moléculaire, comme celles que les ingénieurs ont déjà pu étudier à partir des relevés dans les roches sédimentaires.

Ce sont des organismes qui vivent dans le sable. La NASA invite donc la population, surtout dans la zone de Santiago, à éviter les plages, où ils pourraient chercher à se développer en attaquant d’autres formes de vie.

Cette attaque demande une certaine intelligence, que la NASA n’imaginait pas présente dans les cellules étudiées.

Pour l’instant, les études aux environs de Santiago n’ont révélé aucune trace de cette forme de vie. Certains doutent même qu’elle ait survécu au voyage. La température atteint un pic de 2 000 °C lors de la chute et aucune molécule connue ne résiste à de telles chaleurs sans être protégée par un bouclier thermique. Si cet organisme a survécu, il n’a rien à voir avec les organismes terrestres.

À la fin, la NASA explique que la lettre retrouvée dans la capsule était un faux. La personne à l’origine du canular a depuis été mise en prison. L’attitude choquante du porte-parole qui a lu cette lettre était liée à un léger surmenage. Il va beaucoup mieux depuis.

Le club-house est animé. Les golfeurs mangent en groupes ; une playlist bossa nova complète l’ambiance. C’est le genre d’endroits qui plairait à Sam Delta, pense Copperfield.

Il est assis sous l’écran. Il attend depuis au moins une heure.

Il va voir la réceptionniste et lui demande si c’est normal que le président du club de natation mette autant de temps pour finir trois trous. Elle lui répond : il a vraiment un niveau débutant. Il n’a jamais réussi à descendre sous le handicap 50,1, alors qu’il joue toutes les semaines depuis plus de dix ans.

Elle dit : le petit jeu n’est vraiment pas son fort. Elle l’imite en train de taper sa balle et fait rire Copperfield.

Le feeling est vraiment bien passé entre eux. Elle s’appelle Casca, mais ne vit pas à Myriad Pro. Elle n’a pas du tout entendu parler des meurtres qui amènent Copperfield par ici. Elle dit : mon travail au golf me prend tout mon temps.

Moi aussi, pense Copperfield, le boulot me prend tout mon temps. En fait, depuis que j’assiste Rivage, je n’ai plus une minute à moi.

C’est parce que le feeling est aussi bien passé que Casca lui a révélé autant de choses. En temps normal, elle est vraiment professionnelle et préserve la confidentialité des informations client, selon les conditions spécifiées dans son contrat de travail avec L’Alambra.

Copperfield a comme un pressentiment tellement le feeling est bon.

Il lui montre la capture d’écran de steve-rice au supermarché. À tout hasard, demande Copperfield, cet homme-là ne vous dit pas quelque chose ? Casca regarde l’image de plus près. Elle a l’air de le reconnaître. Elle dit : mais oui, bien sûr que je le connais. C’est Steve, notre jardinier. Il doit être en train de ramasser les balles sur le practice, si vous voulez lui parler.

Le président du club de natation entre dans le club-house.

Casca retourne immédiatement derrière le comptoir de l’accueil et fait comme si elle prenait une réservation au téléphone.

Le président est toujours accompagné de ses trois hommes de main. Il décrasse les crampons de ses chaussures sur deux brosses fixées au sol, enlève sa casquette, commande à boire et s’assoit face à Copperfield. Casca lui sert sa commande et pose à côté du verre de vin un petit ramequin de chips.

Le président en prend une poignée et dit : je vous écoute.

Copperfield commence à parler.