59. Espace liminal n°1
C’est sur une île minuscule, avec des nuages gris juste au-dessus. Il y a des herbes sèches et jaunes qui montent entre les roches et s’étalent jusqu’aux premiers sommets. Des vagues de taille normale viennent se briser contre les récifs. Il n’y a pas de vent.
Upamecano fait signe de se mettre en route.
Elles marchent un peu et trouvent une corde qui sert de guide pour monter une pente raide. Price se retourne à la moitié de l’ascension et regarde le vide dans leur dos. Toutes les pentes filent vers des crevasses mortelles.
Price demande : où est-ce qu’on va ?
Upamecano se rend compte qu’il a oublié de leur expliquer le fonctionnement de l’expédition.
Le groupe va parcourir plusieurs environnements comme celui-ci, qui portent le nom d’espaces liminaux. Il y en a un millier, même si parfois leurs différences sont invisibles à l’œil nu. Il suffit d’une touffe d’herbe qui change ou d’un nuage en moins pour que l’environnement soit considéré comme différent.
Pour passer de l’un à l’autre, il y a toujours un portail et une clé qui l’active.
Les clés sont des constructions LEGO auxquelles il manque des pièces. Compléter le LEGO fait apparaître le portail qui permet d’accéder à l’environnement suivant.
Elles arrivent sur la crête avec une vue sur l’océan.
La teinte de l’eau n’a pas l’air réelle. Celle du ciel non plus.
Elles marchent encore plusieurs heures sur la crête rocheuse, jusqu’à arriver dans une forêt primaire. Des plantes géantes avec des feuilles en forme d’étoiles cachent des espèces animales endémiques et des cavités naturelles.
La brume plus loin entoure des pics rocheux qui ressemblent aux cornes d’un démon. La pluie commence à tomber, l’atmosphère devient moite et le paysage se transforme en ombres fixes aux contours vagues.
C’est ici, dit Upamecano.
Il vient de ressentir l’aura unique du LEGO caché.
Palmyre et Price se mettent à fouiller entre les feuillages et les gros cailloux pendant qu’Upamecano ouvre la mallette.
Je l’ai, dit Price. Elle le trouve assez vite à moitié enfoncé dans le sol parce que ses couleurs n’ont rien à voir avec celles de la terre.
C’est un véhicule spatial bleu avec un cockpit en forme de bulle et deux antennes paraboliques pour capter des sons et des fréquences radio.
Upamecano passe en revue les différentes notices de construction rangées dans la mallette jusqu’à trouver la bonne référence.
7312, T3-Trike, LEGO® Life On Mars.
Il lit la notice et remarque qu’il manque une des trois roues et la figurine du cosmonaute qui conduit. Tout le monde fouille dans la mallette pour retrouver les deux pièces manquantes et les installer aux endroits prévus.
Le LEGO est complet.
Un portail apparaît plusieurs mètres au-dessus de leurs têtes.
La masse gélatineuse violette en sort et les avale par le haut.