Dans la cinématique de fin du jeu Dante’s Inferno, Dante refuse un pacte avec Lucifer et se fait absoudre par toutes les âmes qu’il a sauvées pendant son aventure. Il renvoie Lucifer dans son antre en lui opposant un crucifix de lumière, et le scelle pour toujours dans la glace.

Dans un univers en miroir délivré de l’influence maléfique de Lucifer, Dante est tout nu dans le désert. Béatrice apparaît dans un nuage de sable, la poitrine nue. Elle lui tend la main. Il ferme les yeux et s’envole pour la rejoindre.

Un écran de lumière pure fait passer le temps. Dante sort d’une caverne de granit et marche vers la lumière. Face à lui, sur l’autre rive d’un fleuve sacré, il contemple les neuf étages concentriques du paradis. La modélisation des fesses de Dante alors qu’il tourne le dos à la caméra est parfaitement rendue.

Il dit : je ne suis pas mort, et je n’ai pas vécu.

Il arrache le tissu noir en forme de croix qui recouvrait son torse et son ventre, et le jette par terre. Le tissu froissé s’évapore et un serpent rouge prend sa place, puis s’en va.

Le téléphone de Peter Fire vibre sur sa table de chevet.

Il regarde l’écran et voit le nom de Dylan. Il décroche et dit : ouais. Tu faisais quoi ? demande Dylan. T’as répondu à aucun de mes appels depuis hier soir.

Je viens de rentrer, dit Peter Fire. Il est assis sur son lit en train de boire une canette de Coca. Alors, demande-t-elle, tu as trouvé le trésor ? Ouais, dit Peter Fire, je peux te le montrer si tu veux.

Dylan ne reconnaît pas sa voix.

Elle demande : dans une heure à la carrière ? OK, dit Peter Fire. Il raccroche et boit la dernière gorgée de son Coca. Il pose la canette vide sur sa table de chevet et ouvre le tiroir.

Il en sort une pierre rouge.

La pierre rouge de Mars.

La 25e arcade souterraine marquait l’entrée d’une dernière salle. Tout à l’intérieur était rouge. Le plafond se perdait en hauteur, et les cristaux incrustés dans sa voûte faisaient comme un ciel constellé.

Le silence ressemblait à du vent.

Au centre, un immense bloc de glace sortait de terre, poli comme le diamant. Enfermé à l’intérieur, un colosse à la peau grise, d’une texture proche de la lave froide, les yeux et la bouche fermés, emprisonné sous la glace et retenu aux épaules par quatre chaînes en or. Sur son front, du même or et du même éclat que les chaînes, une couronne brillait.

Asim, le gardien.

Peter Fire s’est approché. Il a vu que le gardien tendait ses deux bras devant lui, avec les paumes ouvertes. La paume gauche était vide. Dans la paume droite, il y avait la pierre.

Peter Fire ne voyait qu’elle.

Une phrase inscrite en relief sur la glace disait que la pierre n’appartenait qu’au vrai roi.

Peter Fire a posé sa main sur la glace qui enfermait Asim. Il a senti que son aura était absorbée. Les quatre chaînes ont sauté les unes après les autres, la glace a fondu, et l’aura du gardien s’est répandue dans toute la salle. Il s’est agenouillé devant Peter Fire et a déposé la pierre sur le sol.

Peter Fire l’a prise dans sa main.

De nouvelles visions l’ont traversé.

Le visage du roi est apparu, dans les ruines de sa citadelle. Sa colère n’avait plus de limites. Il hurlait que les voleurs devaient lui rendre ses deux trésors. Peter Fire l’entendait dans sa tête. Le roi hurlait : vous n’êtes pas dignes de mon pouvoir. Vos cœurs sont impurs.

Il a parlé dans la mémoire de Peter Fire.

Il lui a dit : ne vous soumettez pas au chaos. Revenez dans la lumière.

Les visions ont disparu et Peter Fire s’est retrouvé chez lui. Il allait prendre une canette de Coca dans le frigo de sa cuisine.

Peter Fire serre la pierre dans son poing, ferme les yeux et s’allonge sur son lit. Quand il les rouvre, il sent une énergie puissante qui circule dans tout son corps. Il fixe un repère précis au plafond et donne un coup de poing dans sa direction en projetant son aura, comme il le faisait tous les jours à l’hôpital.

10 secondes passent.

Le plafond produit un drôle de craquement.

Un peu de plâtre tombe sur la couette et une fissure apparaît.

Peter Fire sourit. Il pense : le pouvoir de la pierre est à moi. Il la range dans sa poche et sort de chez lui. Il n’ira pas à la carrière. Myriad Pro n’a plus rien à lui offrir. Il marche jusqu’à la gare et regarde les prochains départs. Il n’y a qu’une seule destination qui l’intéresse.

Le vrai paradis.

Miami.