Casca, Trish et Upamecano sont dans la file pour embarquer sur L’Océane.

Un marin les accueille au bout du ponton. Il dit : bienvenue à bord de L’Océane, puis-je voir vos billets ? Trish, Casca et Upamecano montrent chacune leur billet.

Merci, dit le marin, bienvenue à bord.

Des goélands crient en volant autour des cheminées qui fument, et L’Océane quitte le port.

L’Océane est un paquebot de croisière de trois étages, avec 340 cabines individuelles, une terrasse extérieure, un pont-promenade, cinq restaurants, une salle de spectacles, un casino, un mini-golf, deux terrains de tennis, une salle de muscu, un spa avec des sièges en pierre chauffante et une salle de jeux avec des flippers, des billards et des bornes d’arcade.

Il y a beaucoup de passagers à bord qui font la traversée pour le travail ou pour le plaisir.

Casca et Trish découvrent leur cabine, et Upamecano la sienne.

Il y a du jonc de mer au sol et du lambris acajou aux murs. Il y a un fauteuil en osier, une maquette de voilier, une carte marine, du bois flotté pour les pieds de lampes et de vieilles rames alignées pour faire les têtes de lits.

Les teintes de couleur vont du bleu marine au bleu gris en passant par le bleu vert. Les bleus sont complétés par d’autres teintes beige, sable, lin et blanc.

Une photo encadrée avec de la corde montre un marin barbu en train d’étrangler un requin avec son énorme biceps. Une autre photo montre un paquebot qui s’envole dans l’espace.

Toutes les cabines sont décorées sur le même modèle sauf les cabines de luxe qui ressemblent à des studios de Miami.

Casca, Trish et Upamecano se rejoignent dans le couloir après avoir rangé leurs affaires.

On va tester les bornes d’arcade ? demande Trish.

J’aimerais mieux qu’on mange avant, dit Casca.

Elles trouvent un plan du paquebot accroché au mur d’un autre couloir. On est ici, dit Trish en posant son doigt sur le repère VOUS ÊTES ICI. Elle ne comprend pas dans quel sens est le plan. On arrive de là, dit Casca en montrant le couloir à gauche du repère. Trish regarde quels restaurants sont les plus proches de leur position.

Il y a deux choix : Chez Melon et Super Potato. Chez Melon est spécialisé dans les fruits de mer et Super Potato dans la transformation de la pomme de terre. Qu’est-ce qui vous fait envie ? demande Trish. Plutôt des patates, dit Casca. Moi aussi, dit Upamecano.

Alors en route pour Super Potato, dit Trish.

Sur le chemin elle regarde sa notice Tripadvisor.

Le concept du Super Potato est simple et inédit : une pomme de terre cuite au four dont la chair est mélangée à du gruyère avant d’être agrémentée d’une garniture gourmande. C’est un plat sain et savoureux toujours accompagné d’une salade et de sa vinaigrette.

Le logo du restaurant est une patate avec un visage qui tient des couverts et qui a une serviette autour du cou. Trish pense : c’est comme si elle allait manger ses amies patates.

Dans les commentaires, Likibe a écrit : encore déçu. La première fois, je pensais que c’était moi qui n’avais pas bien compris le concept de la pomme de terre. Cette fois, je prends donc la patate mexicaine en me disant sauce, assaisonnement, épices, bref, que du goût. Et là, le flop total. Haricots rouges à compter sur les doigts, et une sauce spéciale fade qui ne relève rien. Le pire, c’était ma purée de patates, sans sel, sans poivre, sans beurre, et froide. Bref, pour moi, c’est fini. Je préfère faire ma purée maison, avec ma viande et ma salade.

Alors ? demande Casca.

Ça a l’air OK, dit Trish. Il a 4 étoiles sur 5.

Le serveur les installe à une table pour trois personnes près des hublots avec vue sur l’océan. Il leur donne les menus et repart en cuisine.

Trish lit la formule BUFFET À VOLONTÉ sur le menu et leur dit de ne surtout pas la prendre. Elle dit : c’est une arnaque. Tout le monde le sait.

Le serveur revient et demande : vous avez choisi ?

J’hésite, dit Trish. Vous me conseillez quelle patate ? Le serveur pose son doigt sur le menu et dit : l’Opération Dynamo, sans hésiter. C’est la spécialité du chef. Avec du jambon fumé, des oignons, des lardons, de la raclette, du reblochon et de la crème ciboulette. Et une salade d’accompagnement, bien sûr.

Alors une Opération Dynamo, dit Trish. Deux, dit Casca. Upamecano lit une autre page du menu. Il dit : moi je vais prendre une salade. Vous avez raison, dit le serveur, c’est l’autre spécialité du chef.

À la fin il demande s’il y aura des boissons.

Après qu’il est parti Trish demande à Upamecano : vous aviez pas envie d’une patate ? Non, dit-il, finalement je préfère une salade. Je n’ai pas très faim le soir.

Trish imagine que tout ce qu’Upamecano mange tombe sur le sol, comme avec les fantômes dans Casper. Mais en fait tous les aliments sont aussitôt convertis en énergie qui entretient son aura.

Le serveur apporte les deux patates chaudes emballées dans des feuilles d’aluminium. Il apporte aussi la salade d’Upamecano, qui a exactement la même taille et la même composition que la salade d’accompagnement des patates.

C’est-à-dire juste de la salade, avec un peu de vinaigrette compacte par-dessus.

Les patates sont bonnes même si dans l’ensemble c’est des patates.

Trish comprend mieux les 4 étoiles du restaurant. Elle ne sait pas si une patate peut mériter 5 étoiles parce qu’il lui manque une forme de mystère et de prestige qui fait la force des aliments 5 étoiles comme les framboises, les pâtes et le fromage.

Trish pense : le mystère de la patate ne se révèle que quand elle est transformée en purée ou en frite. La frite mérite bien plus que 5 étoiles. Elle transcende la patate jusqu’au bout et la sublime.

Après manger Trish propose qu’elles aillent enfin tester les bornes d’arcade.

Je suis un peu fatiguée, dit Casca, je vais plutôt aller me coucher. Je vous accompagne, dit Upamecano, il vaut mieux rester prudents.

Trish fait une moue triste et drôle pour attendrir Casca, mais elle ne change pas d’avis.

Elle dit : bon OK, à demain alors.

Et elles se séparent.